Claude Bloch est né le 1er novembre 1928 à Lyon. En 1939, il est orphelin de père et vit avec ses grands-parents et sa mère dans un appartement lyonnais de la Croix - Rousse. Sa mère doit quitter son travail dans la fonction publique du fait des lois antisémites de Pétain. En 1942, par mesure de sécurité, la famille Bloch qui a refusé de se déclarer à la préfecture comme l’exigeait le gouvernement de Vichy de tous les Juifs, déménage à Crépieux, au nord de Lyon, sous une autre identité (Blachet). Claude poursuit ses études au lycée La Martinière, avec la peur que sa véritable identité ne soit découverte lors des contrôles de police effectués régulièrement dans le bus. Son grand-père lui avait fabriqué une fausse carte d’identité au nom de Blachet, mais ses cahiers et livres scolaires étaient toujours au nom de Bloch. Jamais il ne sera découvert mais, dénoncés sans doute pour de l’argent, Claude, sa mère et son grand-père sont arrêtés le 29 juin 1944 par Paul Touvier, le chef de la Milice lyonnaise. Seule sa grand-mère, absente ce matin là, échappe à l’arrestation. Son grand-père meurt lors de l’interrogatoire mené par la Gestapo, place Bellecour (l’ancien siège de la Gestapo avenue Berthelot ayant été détruit par des bombardements). Sa mère et lui sont le soir même internés à la prison Montluc à Lyon, puis envoyés à Drancy le 20 juillet 1944. Ils y arrivent le 22 juillet 1944 puis sont déportés le 31 juillet 1944 pour Auschwitz par le convoi n° 77 (dernier convoi parti pour Auschwitz de la gare de Bobigny). Arrivés à Auschwitz, sur le quai, sa mère repousse Claude dans la colonne des hommes assez brusquement : c’est ce qui lui sauve la vie. Sélectionné pour le travail, Claude est conduit au camp de concentration d’Auschwitz où il reçoit le matricule B3692. Il ne reverra jamais sa mère, probablement gazée dans les minutes qui ont suivi. Il nous parle des conditions de vie terribles à Auschwitz et de l’extermination dans les chambres à gaz. En raison de l’avancée de l’armée soviétique, il est transféré au camp de Stutthof, dans le nord de la Pologne, au début du mois de janvier 1945. En mai 1945, avec d’autres détenus, il est embarqué par les SS sur un bateau en rade du port de Flensburg (Allemagne). Le bateau miné est abandonné par les SS. Il est secouru par la Croix-Rouge suédoise. Claude et ses compagnons sont sauvés. Conscient d’avoir survécu parce qu’il a été déporté tardivement, il reste aujourd’hui un des rares survivants d’Auschwitz. Soigné deux mois en Suède, il regagne la France par le port de Cherbourg le 20 juillet 1945. Il rejoint Lyon et retrouve sa grand-mère, reprend ses études et exercera la profession de comptable.
Pendant longtemps, il a eu du mal à parler de l’horreur qu’il a vécue. Depuis qu’il est à la retraite, il témoigne auprès des jeunes et part chaque année avec un groupe à Auschwitz. Il dit ne pas avoir de haine envers les Allemands aujourd’hui et veut avant tout témoigner pour que les jeunes deviennent des « témoins vigilants » afin que « cela ne se reproduise pas ».